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Alexandre Arcady sera au Festival Dia(s)porama : « Un Président de jury est un arbitre bienveillant»

par La redaction
10.01.2025

Pour sa 5e édition, le Festival « Dia(s)porama, regards sur le cinéma juif international »
propose une sélection de 16 films inédits et patrimoniaux dont l’avant-première du nouveau film de Jesse Eisenberg, A Real Pain. Le festival se déploiera dans 18 villes de France, avec 57 projections. Alexandre Arcady qui nous a encore ému avec Le petit blond de la Casbah est le Président du jury des  films de fiction de cette édition de Dia(s)porama. Il raconte à cult.news comment il envisage ce rôle exigeant et tout ce qu’il attend d’un festival…

Comment envisagez-vous le rôle de juré de ce 5ème festival Dia(s)porama ?

Ce n’est pas la première fois que je participe à un jury, et cela a toujours été une expérience passionnante. Être membre d’un jury permet de découvrir des films que l’on n’aurait peut-être jamais eu l’occasion de voir, notamment dans des festivals de niche. Par exemple, lorsque j’ai été président du Festival de Val d’Isère, consacré au cinéma comique, cela a été une expérience unique d’inaugurer un festival de ce genre. J’ai même décidé qu’il fallait décerner un prix d’interprétation à une comédie, car sans les acteurs, qu’est-ce qu’une comédie ?
 Quand on aime le cinéma, qu’on le pratique ou qu’on vit à travers lui, on est toujours heureux de découvrir des œuvres qui, par hasard ou par choix, croisent notre chemin. Découvrir des films avec bienveillance reste un plaisir immense. Il est important que le métier de technicien s’efface pour laisser place à l’émotion pure. Si l’on regarde un film uniquement en technicien, on risque de se concentrer sur des aspects comme le mixage sonore au lieu de ressentir l’histoire. Notre rôle, c’est d’être les premiers spectateurs.

Quel est le rôle spécifique du président de ce jury ?

Être président, c’est jouer un rôle d’arbitre bienveillant tout en facilitant les débats. Les discussions entre membres du jury sont souvent animées, mais enrichissantes. Je suis séfarade, alors pour plaisanter, j’emprunte une expression à mes amis ashkénazes : le «pilpoul» sera là – ce mélange de vivacité et d’équilibre qui nous pousse à couronner une œuvre plutôt qu’une autre. 
J’anticipe des débats animés mais respectueux. Chacun arrive avec ses sensibilités et son vécu, ce qui enrichit les discussions.

Et le fait que la thématique soit juive a-t-elle un impact particulier sur ce rôle ?

Je ne considère pas possible de définir un film comme étant «juif », «chinois » ou «cubain » : un film est un film. Ce que j’attends avant tout, c’est d’être ému, surpris, et de découvrir ce que le ou la cinéaste a voulu offrir. Mais dans ce festival, bien sûr, il s’agit de mettre en lumière la culture juive. Être invité à présider un jury dans un festival qui traite d’une histoire et de valeurs qui sont les miennes est un honneur. Cela résonne particulièrement avec mon parcours d’auteur et de réalisateur, car j’ai souvent abordé ces thématiques, comme dans Le Petit Blond de la Casbah.

Il y a également un jury du documentaire. Quelles sont les forces et les faiblesses de la fiction, jury que vous présidez, dans des temps troublés
 comme les nôtres ?

Les deux modes d’expression, fiction et documentaire, me passionnent. À l’occasion du 75e anniversaire de la libération d’Auschwitz, j’ai réalisé un documentaire pour Arte. J’ai fait le parallèle entre cet anniversaire et la montée des actes antisémites en France, de l’affaire Ilan Halimi à Sarah Halimi et l’Hyper Cacher. Le documentaire est un témoignage direct : la vie nous surprend, nous émeut, et l’on capte des moments qui surgissent dans le temps.
 La fiction, en revanche, nous permet de fabriquer et de refabriquer la vie, en y ajoutant une réflexion et des émotions. Les personnages sont des acteurs, mais à travers eux, on retraduit des idées ou des événements marquants, comme l’attentat de la rue des Rosiers, qui a provoqué chez moi un profond bouleversement. La fiction a une fonction mémorielle qui dépasse parfois celle du documentaire. Et dans les deux genres, en tant que cinéastes, nous sommes toujours des passeurs d’émotions. Nous relayons des vérités, qu’elles soient du monde réel ou réinterprétées par la fiction. Notre rôle n’est pas seulement de dénoncer, mais aussi de parler d’amour, de fraternité, de haine ou de violence, tout en racontant la diversité de la vie.

Quel lien faites vous entre le cinéma et la mémoire ?

Le cinéma est un reflet de chaque époque. Quand je regarde un film des années 1950, je ne m’intéresse pas seulement à l’histoire ou aux acteurs, mais aussi à l’environnement, au contexte social, et à la manière dont cela reflète le moment où il a été réalisé. Contrairement au reportage, le cinéma permet une attache émotionnelle plus forte aux personnages.
 Je fais le plus beau métier du monde : raconter des histoires qui touchent, qui marquent et qui perdurent. Dans ce festival, dédié à la culture juive, j’attends d’être surpris par des œuvres qui racontent quelque chose d’universel, au-delà de leur origine ou de leur sujet spécifique. Un film, avant tout, doit être bon, touchant et révélateur d’une rencontre ou d’une découverte.

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visuel (c) DR