8 mars : la lutte continue

8 mars : date d’une lutte… qui ne fait que commencer 

Au travers d’un XXème siècle où les manifestations, grèves et revendications pour les droits des femmes se font de plus en plus nombreuses et internationales, plusieurs dates à travers le monde sont affirmées comme « journées internationales de la femme » ou « des ouvrières ».

La première date officielle que l’on connait est le 28 février 1909 initiée par le Parti socialiste d’Amérique. La nécessité de rendre cette journée visible est reconnue par l’ONU en 1977 et est depuis une date de ralliement, de célébration du militantisme tout en étant une occasion de faire un point sur la situation du féminisme et de poursuivre la lutte en l’inscrivant dans une veine historique et matrimoniale. 

2025 : les droits des femmes, des avancées toujours incertaines

Les dynamiques patriarcales et les violences sexistes et misogynes sont systémiques, insidieuses et omniprésentes dans notre société, et malgré certaines avancées, les constructions sociales et sociétales restent ancrées en chacun.es d’entre nous tandis que la culture du viol est encore bel et bien présente.
À la fin de l’année 2024, 139 femmes ont été tuées en raison de leur genre en France, et déjà 20 féminicides ont été perpétrés en 2025.

Chaque année en France, 94 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol. Une agression sexuelle a lieu toute les deux minutes et toutes les six minutes une tentative de viol est commise. Ces violences s’inscrivent dans le contexte d’une société patriarcale dominante qui écrase, de manière systémique, les femmes et autres minorités de genres.

Malgré l’accumulation des chiffres alarmants, la prise de conscience peine à se transformer en véritable changement sociétal. Un exemple frappant en est le procès Pélicot, qui a marqué les derniers mois de 2024. Ce procès illustre à quel point la culture du viol est ancrée dans notre société et combien il est urgent d’agir. Il rappelle aussi une réalité dérangeante : dans la majorité des cas, l’agresseur n’est pas un inconnu tapi dans l’ombre, mais un proche – un compagnon, un mari, un ami, un collègue, voire un membre de la famille.

Féminisme et politique : l’appel à être toustes contre l’extrême-droite

Cette année, les appels à grèves, manifestations et marches des collectifs, associations, comptes féministes, mettent en parallèle la nécessité de conjuguer la lutte féministe au combat contre l’extrême-droite. En Pologne, où l’extrême-droite est au pouvoir, l’IVG est totalement interdite, en Italie une lutte politique très forte est active contre l’avortement tandis qu’en Hongrie les femmes doivent désormais « écouter les battements du cœur du fœtus ». 

Dans ses revendications, le collectif #NousToutes, souligne l’importance de se positionner contre le gouvernement actuel, notamment puisqu’« il instrumentalise nos revendications féministes à des fins racistes, xénophobes, transphobes et réactionnaires ». 

La nécessité de l’intersectionnalité

Dans ces chemins de lutte, le féminisme a parfois montré ses propres limites en matière d’inclusion. Si le rassemblement entre femmes est essentiel, certaines branches du mouvement ont longtemps laissé de côté, voire invisibilisé, les femmes trans, les minorités de genre, ainsi que les personnes racisé.es ou en situation de handicap. Heureusement, une prise de conscience grandit, et de plus en plus de collectifs féministes s’efforcent aujourd’hui de rendre la lutte réellement inclusive.

Cet aspect est intéressant et démontre que la lutte contre un privilège n’empêche pas d’exercer inconsciemment des comportements dominants. Cette conscientisation devient de plus en plus vive et répandue, créant ainsi des espaces partagés lors des marches et des manifestations, mais aussi des espaces de paroles et de réflexions communs.

Ainsi, un appel à une lutte intersectionnelle est fait par de nombreux collectifs pour ce 8 mars, afin de s’inscrire dans une lutte générale contre les oppressions systémiques (sexisme, racisme, classisme, validisme, LGBTQ+phobies…). L’objectif est de lutter contre les discriminations non pas isolément, mais en tenant compte de leurs croisements, pour une justice sociale plus inclusive et juste. Cette conjugaison de luttes permet de les mettre davantage en valeur et de se rendre toustes plus fort.es. 

Le 8 mars, avant d’être une célébration est un combat. Rassemblons-nous, faisons entendre nos voix, car si nous ne luttons pas aujourd’hui, qui le fera à notre place ?