3…2…1… Le Palais Galliera coordonne sa programmation avec les Jeux !

Il faudra savoir renoncer à la douceur des jardins du Musée de la Mode de la Ville de Paris, baigné d’une éclatante lumière hivernale, et aux splendeurs de « Azzedine Alaïa, couturier collectionneur », présenté jusqu’au 21 janvier 2024, pour s’engouffrer dans l’exposition qui nous intéresse ce jour. Une tâche ardue, certes, mais qui en vaut la chandelle. Sous les caves voûtées, il vous sera en effet possible de voyager dans le temps, du XVIIIe siècle à nos jours, par le biais de 200 œuvres questionnant la place du vêtement dans la pratique d’activités sportives, son rapport au corps, de même que les conséquences sociales de son évolution. Vaste programme !

Tenues d’amazones et de cyclistes, costumes de bain, attirails d’automobilistes, tailleurs de footing et, bien sûr, sneakers, viennent dresser ce portrait de trois siècles de mode. Un portrait chronologique ô combien intéressant grâce à la (re)découverte d’objets oubliés (à l’image des voiles d’automobilistes), du vocabulaire associé et des ancêtres de notre art de vivre actuel (sacoches de voyage en ceinture devenues les fameuses « bananes »). Autant de « curiosités » fascinantes au raffinement certain, permettent une mise en lumière des notions de spécialisation du vêtement à mesure de la création de nouveaux usages.

Des notions qui justement dialoguent tout au long de la présentation avec la masculinisation du vestiaire féminin, expliquant la progressive introduction de sportswear dans les garde-robes destinées au quotidien jusqu’à l’avènement de la basket en tant qu’icône de mode. L’exposition met ainsi un point d’honneur à montrer que l’exercice physique, et donc des questionnements hygiénistes, ont permis la libération du corps, l’évolution des mentalités et, enfin, des canons de beauté.

En effet, l’importance de maintenir le corps humain dans un bon état général s’impose peu à peu dans les mentalités au cours du XVIIIe siècle, alors que le corps médical s’interroge sur les contraintes vestimentaires et préconise l’exercice et le mouvement pour renforcer naturellement les muscles et les postures. Un constat qui fait aujourd’hui écho au déclin, à titre d’exemple, de la popularité de l’image de la femme fatale, cigarette au bec, qui détériore sa santé. Fumer n’est plus à la mode si l’on en croit le nouvel art de vivre qui se met de plus en plus vite en place depuis le Covid-19. Dans un monde où les mouvements ne cessent de se multiplier et de s’accélérer, les vidéos de massage, de jus détox, de musculation ne cessent de proliférer sur les réseaux sociaux. Nombreux sont également à prôner un mode vie plus nomade, à quitter une position assise derrière un ordinateur pour se mettre en mouvement. Les vêtements eux-mêmes poursuivent leur quête de bien-être en devenant plus respectueux des Hommes et de leur environnement par la recherche d’une économie plus vertueuse, prônée par de nombreuses initiatives à travers le monde. Un mouvement qui a encore un long chemin devant lui et qui, qui sait, amènerait certainement à la création de nouvelles typologies de vêtements.

Une exposition qui esquisse donc l’idée d’un nouvel art de vivre où le bien-être lié au mouvement dans son sens le plus large primerait cette fois sur la performance.