18 octobre : Journée mondiale de la Ménopause

Du grec menstrues et pause

Le terme fut popularisé en 1821 par le docteur Charles de Gardanne dans son ouvrage De la ménopause ou l’âge critique des femmes. Le phénomène est décrit comme un problème, un déclin, voire même un stade de déséquilibre dangereux dans la vie d’une femme, qui nécessite absolument un traitement. Les femmes se retrouvaient à devoir subir des saignées, des régimes alimentaires, puis, plus tard, jusqu’aux années 50, des traitements hormonaux, puis, dans les années 70, la première forme de thérapie hormonale substitutive (THS) pour pallier les symptômes.

Repossession du corps

Ce n’est qu’au début des années 2000 que les résultats préliminaires de l’étude Women’s Health Initiative aux États-Unis démontrent que la THS nuit fortement à la santé en augmentant le risque de cancer du sein et d’AVC. En 2015, Gillian Anderson coécrit We: A Manifesto for Women Everywhere, dans lequel elle traite ouvertement de la ménopause et de la nécessité de briser les tabous, et surtout de rendre la parole aux femmes sur ce qu’elles vivent.

Considération légale

Actuellement, ce sont 7 pays qui ont reconnu des droits sur la ménopause dans leurs politiques publiques ou législations : le Royaume-Uni, depuis 2021, a mis en place une commission parlementaire sur la ménopause pour étudier son impact. D’autres pays comme l’Espagne, la France et le Canada font des propositions de lois et amorcent un dialogue à travers une politique de sensibilisation.

Joyeuse ménopause 

Pour fêter cette journée de la ménopause, quoi de mieux que d’évoquer sa présence grandissante dans l’espace public ? Phénomène tout à fait naturel, qui fut dans le temps considéré comme « la fin de la vie d’une femme », les stéréotypes se déconstruisent peu à peu. On pense à la 4e saison de la série danoise Borgen : Power & Glory (2022), où le personnage principale, Birgitte Nyborg, une femme politique puissante, traverse la ménopause, illustrant les différents symptômes et défis de façon réaliste, sans dramatiser.

Un chemin encore long

Bien que nous constations que la situation a évolué ces 100 dernières années, nous constatons qu’aucune mesure concrète ou officielle n’a encore été adoptée. Cependant, nous saluons des initiatives comme celle de Maïtena Biraben avec la création de son nouveau média Mesdames, lancé en mai 2024. Dans celui-ci, elle compte s’adresser à toutes les femmes, mais surtout donner la parole à celles que l’on réduit à leur âge, celles au-delà de 45-50 ans. Selon ses mots : « Elles sont totalement invisibilisées, alors qu’elles sont 9 millions. » (Interview à Radio France le 29/04/24). L’ex-animatrice des Maternelles sort en parallèle son ouvrage La femme invisible aux éditions Grasset.

Libérer la parole

En 2021, la journaliste Aude Hayot, chercheuse française spécialisée dans le domaine des études de genre, lance le podcast La fin des règles, dans une dynamique inclusive et décomplexée. Elle invite différents intervenants à chaque épisode, allant d’experts médico-psychologiques à des femmes qui ont vécu ou sont en train de vivre leur ménopause. L’objectif est de sensibiliser, mais aussi de s’informer sur les réalités économiques et sociales du sujet, comme la sous-représentation des femmes dans des postes clés, les coûts de santé ou simplement l’impact psychologique causé surtout par le rejet de la société.

« La beauté de la vie réside dans ses évolutions »

Ainsi, afin de fêter au mieux cette journée de la ménopause, l’important est soit de changer son regard si celui-ci est resté bloqué au 20e siècle, soit de célébrer ces femmes qui passent par une étape supérieure de leur vie, éprouvante mais tellement enrichissante.