1/2/3 : Le Théâtre de la Ville met en lumière de jeunes chorégraphes israéliens

par Yaël Hirsch
13.01.2025

En parallèle des retrouvailles du public parisien avec le grand Hofesh Schechter aux Abesses (lire notre article sur From England with love), dans la salle intime et perchée de la coupole de la Place du Châtelet, du 10 au 18 janvier 2025, le Théâtre de la Ville et le Suzanne Dellal Center montrent 7 créations de l’année de jeunes chorégraphes israéliens. Le programme d’accompagnement s’appelle 1I2I3, il est dense et tient toutes ses promesses de découvertes.

Un incubateur de talents israélien

Dirigé par Naomi Petlov, le Suzanne Dellal Center de Tel-Aviv propose chaque année à des chorégraphes de faire leurs premiers pas dans la création avec le programme d’accompagnement 1I2I3. Le Principe ? Proposer un solo, un duo et un trio. Cette saison, avec le soutien de plusieurs institutions dont le Fonds Israël Autrement, ce sont 7 formes nouvelles que le public est invité à découvrir en un peu plus d’une heure sous la coupole du Théâtre de la ville.

La révélation Hila Nachshonov

Une fois assis tout en haut du théâtre, rien ne vient distraire le spectateur des découvertes proposées. La grande découverte de cette session très concentrée qui nous fait passer du noir à une lumière jaune concentrée sur les corps est Hila Nachshonov. Son solo de fin d’études, «Maybe I’m Just Another» ouvre le bal et pose très haut le niveau d’exigence tant au niveau de la souplesse que du poids de la tradition portée : venue du hip-hop, la chorégraphe propose en effet un univers à la fois strict (chignon et lignes arts déco) et extrêmement exigeant. Avec une énergie communicatrices, un expressionnisme qui flirte plutôt avec Malévitch et le suprématisme et un goût pour les avant-gardes du 20e siècle, elle nous propose un duo qui reprend la même grammaire déjà très aboutie. Et son trio sur le Mandarin Oriental de Bartok, avec trois corps de femmes qui semblent presque à temps de nageuses, sait rythmer et syncoper le charme discret de l’industrialisation avec un génie éclatant.

Entre sport et danse

Également très exigeants, la solo et le duo de l’ancien athlète Yossi Daniel témoignent de la même exigence et de la même rigueur, sans toutefois nous emporter avec autant de puissance dans une revisite de l’histoire. Un fil se tisse entre son travail et celui d’un des chorégraphes présentés l’an dernier par le programme, Ophir Kuenesch. Ce dernier revient en final proposer dans une lumière mordorée et dans le silence une pièce toute en puissance : What do l do. Enfin l’autre trio du spectacle est une interprétation à la fois fiévreuse et presque « valsante » du flamenco. Des costumes sobres, à l’art de la syncope des corps, Naya Binghi sera certainement l’autre chorégraphe à suivre, aux côtés de Hila Nachshonov.