« Jungle » : une traversée de l’autisme en poésie

« Elle décrit souvent sa conscience comme une jungle, envahissante et indomptable »

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L’imaginaire sensoriel de Gabi, aux couleurs douces et joyeuses, se révèle dès les premières pages aux yeux des lecteur.ices. Les teintes pastel, les traits doux et les compositions aérées créent une atmosphère rassurante, qui pourtant se heurte parfois aux éclats de solitude et d’incompréhension.

À travers cette immersion, une jungle métaphorique se déploie : foisonnante, parfois envahissante, mais jamais hostile. Elle suit Gabi, s’installe sans bruit, puis s’apprivoise. D’une présence encombrante, elle se transforme en alliée discrète et réconfortante. Et lorsque le récit touche à sa fin, Gabi n’y est même plus toute seule.

Les autrices laissent ainsi entrevoir une autre manière de sentir, de penser et de vivre, différente, mais profondément belle.

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Un récit sensible loin des clichés

Sans jamais tomber dans le didactisme pesant, Jungle s’éloigne des stéréotypes et des idées reçues qui entourent l’autisme. Certains détails échappent à l’explication et sont induits par des couleurs, des images ou des mots, tandis que les dialogues accompagnent le récit avec justesse et simplicité.

Si le monde extérieur ne s’adapte pas, les personnes autistes, et surtout les femmes, apprennent à masquer leurs différences, à lisser ce qui déborde ou manque, pour ne pas heurter. À l’école, au travail, en famille ou avec ses amis, jusqu’aux milieux militants, Gabi se conforme et s’adapte. Avec délicatesse et humour, les autrices dénoncent les comportements et les violences auxquels les personnes autistes font sans cesse face.

Jungle est un portrait intime et réparateur, dépourvu et déconstruit de tout cliché, qui s’empare avec justesse de la métaphore et de la poésie. Adélaïde Barat Magan, Justine Langlois et Fanny Modena livrent le récit d’un monde à la beauté singulière, où même la jungle peut devenir un refuge.